Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/292

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Ma filleule a fait de notables progrès, remarqua le philosophe, in petto.

Cependant que Mme de Tresmes et Bergeron échangeaient des regards de stupeur, la jolie Thérèse reprit, en affectant un petit air contrit qui lui seyait à ravir :

— Maman, excusez-moi de m’être tue jusqu’ici… Mais vous sembliez tellement férue de mon mariage avec Edvard Kolding que je craignais de vous peiner en vous avouant mes projets à moi, ceux que je formais depuis la fameuse nuit du veglione. Maintenant que mon parrain est là, j’oserai parler devant lui, car j’ai compris, en surprenant les derniers mots de votre discussion, que vous ne partagez pas la même opinion ; et il me défendra, au besoin…

Elle embrassa la baronne avec une tendresse enjouée et poursuivit :

— Maman, le soir du bal masqué, j’ai soupé successivement avec un jeune homme de vingt-cinq ans et un homme de quarante ans. La façon dont le premier en a usé avec moi risquait de me dégoûter pour toute la vie de l’amour. Le quadragénaire, qui m’a surprise, cinq minutes après, en détresse au milieu de mes illusions défeuillées, m’a prouvé avec des