Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/281

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Sans cette lettre, expliqua-t-il, sans cette lettre indiscutablement probante, jamais je n’eusse osé me montrer si affirmatif, car… hélas… quand on songe à l’ignorance où l’on demeure souvent de celui avec lequel on a inséparablement vécu, je veux dire de soi-même, on est pris de peur à l’idée de poser la reconstruction d’un caractère sur le sable mouvant du…

La fougue d’Edvard ne permit pas à Bergeron d’achever son harmonieuse période : serrant les mains minuscules et merveilleusement soignées de l’académicien, avec la vibrante reconnaissance d’un homme extrait des ruines sous lesquelles il agonisait, le rescapé s’écria :

— Monsieur, vous m’avez sauvé la vie !… Et je vous certifie que mon exclamation n’a rien d’hyperbolique, étant données les circonstances qui ont précédé votre entrée chez moi. Je ne veux pas approfondir les raisons qui ont dicté votre acte… Venez, Monsieur, venez !

Edvard entraînait Bergeron hors de la pièce ; il le poussait dans l’ascenseur.

— Ah çà ! où me conduisez-vous ? demanda l’académicien vaguement inquiet.