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vieil Immortel, en face d’un gamin victorieux !

Puis, écartant l’obsession des regrets stériles, il ne voulut se rappeler que le but de son voyage.

Edvard, surpris et presque intimidé de cet examen, attendait que son visiteur entamât l’entretien.

Bergeron s’y décida. Il dit :

— Nous ne sommes pas des inconnus, l’un pour l’autre… Ma filleule a dû vous parler de moi, Monsieur ?

Bien qu’ahuri par ce début, le comte Kolding, sans en rien laisser paraître, répondit avec une courtoisie respectueuse :

— Monsieur, je ne crois pas avoir l’honneur de vous connaître autrement que je connais Bjoernson, Bergson ou Henri de Régnier : c’est-à-dire en lecteur…

— C’est déjà quelque chose, fit, avec un sourire ambigu, Bergeron qui s’amusait de voir ce Scandinave installer, avec une hâte imméritée, son Bjoernson national parmi « le beau collège des Princes du chant sublime ».

— Quant à votre filleule, poursuivit le jeune homme, je n’ai pas l’honneur de la connaître ; c’est pourquoi je me demande si vous ne vous