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moins cultivés, dont l’intelligence plus superficielle et le cœur indolent ignorent la constance et l’intensité des affections — toute leur ardeur s’évaporant en gestes, au dehors.

Encouragée par la gravité précoce de son fils, la comtesse Kolding l’avait de bonne heure installé à la place de son mari défunt, pour confier à ce nouveau chef de famille la gestion de leurs intérêts, et lui donner une autorité d’aîné sur sa petite sœur, de huit ans plus jeune que lui. Jusqu’au jour où, appelée à Bergen par la maladie d’une parente, elle avait dû laisser Edvard seul à Paris, afin de ne point le séparer de Thérèse, elle s’était applaudie de sa confiance maternelle. Grâce à des opérations judicieuses, Edvard avait su augmenter leur fortune, tout en prenant son rôle de jeune tuteur suffisamment au sérieux pour se consacrer en partie à l’éducation de Frédérique, avec une sollicitude qui resserrait encore les liens qui l’attachaient au foyer familial. C’est pourquoi, le jour qu’elle apprit, par Mme de Tresme, l’invraisemblable équipée du fils dans lequel elle mettait toutes ses complaisances, la comtesse Kolding eut d’abord un sursaut d’incrédulité. Edvard rompait ses projets de mariage,