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suffoqué d’admiration à sa vue. Ah ! Que les hommes sont donc matériels pour que quelques centimètres de peau suffisent à changer leurs sentiments !… Edvard ne songeait plus à fuir. Ébloui, fasciné, il ne se lassait pas de contempler ma fille. Il lui offrit son bras et l’entraîna rapidement à travers la foule… Je m’efforçais de les suivre… Mais figurez-vous, mon cher François, que, sous le masque et le domino, votre vieille amie illusionne assez par sa voix, ses yeux et sa démarche pour paraître encore jeune. Je fus intriguée par un importun plein d’insistance qui voulut m’attirer dans une loge et me fit perdre la piste de Thérèse. (Cette confidence qui vous eût agacé il y a vingt ans, aujourd’hui vous fera sourire…)

Bref, quand je parvins à me débarrasser de mon malencontreux admirateur, le comte Kolding avait disparu avec ma fille et je passai le restant de la nuit à les chercher vainement à travers le veglione, croyant les reconnaître à chaque minute dans chaque couple qui passait tant ces déguisements dansaient devant mes yeux.

Au fond je n’étais pas mécontente de la tournure que prenait l’incident et je ne m’inquié-