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Il salua l’homme qui ne répondit pas.

Il prit une revue déchirée sur le bord intérieur de la fenêtre. La poussière vola en pluie. Il regarda la date, Juillet 1914. Le fascicule pronostiquait un changement de ministère et affirmait qu’ « aucune guerre jamais ne troublerait la paix du monde ».

Deux fois M. Thulette relut cet article perspicace. L’heure passait. Pas de barbier. Sans force pour une troisième lecture, il tenta d’arracher l’homme à sa sommeillante attitude. Encore qu’il le sût sans doute possible, il lui demanda :

— Vous attendez le coiffeur ?

— Ia, répondit l’homme.

(« Encore un breton » pensa M. Thuletle).

— C’est très gentil, Roscoff, n’est-ce pas ?

L’homme secoua la tête de droite à gauche puis de gauche à droite.

— Comment, vous n’aimez pas ce pays ? C’est pourtant le vôtre  !

— Non.

— Ah ? vous n’êtes pas d’ici ? Pardon, je croyais…

— Vous avez mal cuit.

— Hein ?