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est la loi du monde, et que s’y opposer serait enfreindre l’ordre établi dans l’univers.

Et après avoir montré cette mère qui, sourde et myope, ne s’opposait pas, en effet, à l’exécution de la loi du monde, l’amoureux posait sa fourchette, joignait les mains et disait encore :

— Je vous aime Franzle, ma belle enfant. Vous êtes jeune, naïve, et vos appas sont infinis. Mais qui croiserez-vous ici pour vous aimer ? Personne, sinon sur un sentier parsemé de pissenlits, un paysan sans éducation et sans prévenances, ou bien sur la place aux Herbes, quelque chétif employé de mairie ou de la gare, qui vous épousera, vous fabriquera des petiots aussi maigres que lui ; et, toute votre vie, vous vendrez du tabac. Suivez-moi. Je vous créerai une existence dont vous n’avez aucune idée, la plus délicieuse du monde, la plus douillette et, d’ailleurs, la plus méritée ; vous serez la maîtresse, la suzeraine, nul plaisir ne vous demeurera inconnu ; vous voltigerez de fête en fête, vos attraits, vos grâces, votre humeur à la fois enjouée et bénigne révolutionneront Paris.

Sans doute il ne pensait pas le premier mot