Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait employé en achats divers dans le bureau de tabac cinquante-cinq francs septante. Le huitième jour, jugeant suffisantes ces dépenses préliminaires, il pria Fraenzle de consentir à déjeuner en sa compagnie.

— Là, voyons, dimanche prochain.

Elle répondit en inclinant le front :

— J’emmènerai ma mère.

Ce n’était pas une simple manière de parler : elle emmena sa mère. Elle avait, pour cette solennelle circonstance, revêtu une robe azur, toute unie, et coiffé un large chapeau de paille blanche. La mère s’était pavoisée de bleuets artificiels, de verroteries et de rubans polychromes. Tous trois, graves en même temps qu’épanouis, ils traversèrent un bosquet, puis accédèrent dans le jardin de l’auberge à l’enseigne vaniteuse :

Zur Stadt Paris

La rivière passait par là — attention bien aimable, — et, sur la berge, un vieil homme pêchait à la ligne. Une barque percée disparaissait à moitié dans l’eau ; des canards barbottaient emmi la vase ; une fumée noi-