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jours, choisir quelques cigares, tâter quelques paquets de « petun » et laisser sur le comptoir quelques pièces de monnaie, progressivement plus nombreuses. Il apprit ainsi que le juvénile objet de sa convoitise s’appelait Fraenzle, — Françoise, — qu’elle avait dix-huit ans, que son père, un vieux guide retraité, était mort depuis trente mois, qu’elle vivait avec sa mère et qu’elle était sage et honnête, absolument vertueuse. Ah ! le séduisant fruit vert !

Il risqua de menus assauts partiels : une première fois ses mains frôlèrent celles de Fraenzle, qui frémirent ; une seconde fois, elles les serrèrent ; une troisième, elles les caressèrent. La petite marchande eut un tendre regard surpris et parut éprouver une vague commotion. Un matin, comme les manches de son corsage s’arrêtaient aux coudes, il loua en convaincu les bras fort blancs et fermes que duvetaient de soyeux poils, tout blonde ; elle baissa gentiment ses yeux bleus. Un soir, il lui baisa le poignet et, comme elle se défendait, il la baisa sur la nuque. La vieille mère tricotait avec trop de sollicitude pour s’apercevoir du manège. Et une semaine s’enfuit. Il