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à la gare d’un village dont les toits grisâtres pointaient au milieu d’arbres tout spécialement verts. De gras pâturages l’entouraient, où chantonnait une rivière sans prétention. De légères fumées, minces comme la taille de Mlle Polaire, montaient vers les cieux et, vu que c’était le matin, des chiens aboyaient, des bœufs mugissaient et, aux cocoricos de jeunes coqs se mêlaient des gloussements de vieilles poules. Un tableau d’Auguste Boulard ou de Jules Dupré.

Avisant une carriole, le juif errant se fit conduire au seul hôtel de ce lieu, l’Hôtel de la Gare. Il se débarbouilla, trempa dans un bol de café au lait deux ou trois tartines enduites de miel et sortit par le village.

Après avoir dégringolé de petites rues, il en gravit de non moins petites, puis accéda à une place assez vaste, ma foi. Là, un superbe magasin ostendait ses vitrines lavées, frottées, étincelantes « Magasin de tabac ». Thulette ne put s’abstenir d’admirer les pyramides, les château-forts, les escaliers en colimaçon, les gradins disposés en étages, toutes ces constructions ingénieuses que les Suisses ont l’habitude et le don infus d’ériger avec la matière