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l’ouverture de Poète et Paysan, gentille et bébête, pour la plus grande joie des petits employés mélomanes qui, chaque soir, leur labeur achevé, viennent absorber du son, comme les ânes débâtés absorbent du foin.

Peu à peu, le Francfortois Thulette prenait en horreur cette emphatique et dérisoire construction découpée comme les pièces de pâtisserie que l’on appelait, sous le Régent, des « Sultanes », ces lourds balcons dorés sans discrétion, cette diarrhée d’ornementation, ce vomis de peinturlurage. Et, dans son exécration, il comprenait, injuste, les avenues plantées d’arbres équidistants, les pasteurs compassés, les journaux lourds et les Zurichois même si occupés de leur commerce extérieur que, se souciant comme des poissons de la pomme de Guillaume Tell, ils ont remisé depuis belle lurette la cornemuse et le ranz qui était dedans, et tout leur beau passé de poésie et de gloire.

Ainsi songeait, inique parce qu’excessif en ses généralisations amères, le voyageur Thulette.

Et ses méditations, de plus en plus assombries, finirent par obscurcir son âme dolente,