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À Zurich, notamment, sa jeune âme tumultueuse déplora la monotonie de ce superbe pays tranquille et fixe. La belle chaîne de montagnes blanches qui, le jour de son arrivée, décorait le fond du beau lac lapis-lazulique, ne cessait jamais de le décorer. Alors, parfois, accoudé à la belle terrasse du bel Hôtel Belle-Vue, il s’écriait intérieurement :

— Oh ! mon Dieu, comme c’est beau ici ! Comme c’est calme et immuable !

Or, un soir, vers six heures, il arpentait, l’âme plutôt mélancolique, les quais aimables qui bordent le lac. Les soldats promenaient leurs petits bourgerons et leurs petites baïonnettes de poche. Le jour jaunissait doucement, graduellement, les montagnes et l’horizon se violaçaient. Les montagnes, oui, les montagnes, là-haut. Et, là, le lac, oui, le lac. L’eau s’huilait de mauve, des barques circulaient par l’effort cadencé et ployé des rameurs debout. Les bateaux à vapeur baudelairiens chantaient leur Invitation au voyage et faisaient la navette d’une rive à l’autre, charmés de desservir les villages de ces sites riants.

Que faire ? Il s’était fort peu diverti, la veille au Corso, dont le portier de l’hôtel, expert en