Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/158

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Comme les dames de Tresme, dans l’ignorance de cette particularité, parlaient sans étouffer leurs voix, il suffit à Fanny de coller contre le mur son oreille indiscrète pour surprendre toute leur conversation.

— Non, Thérèse ! disait la voix irritée de Louise de Tresme. Il ne faut pas me demander cela : je refuse de partir…

— Pourtant, maman, après l’affront d’Edvard…

— Cet affront, je l’ignore ; je veux l’ignorer ; en somme, est-ce à moi qu’il a écrit une lettre de rupture ?… Tu peux m’avoir dissimulé la chose…

— Oh ! maman… Dans quel but ?

— Je vais te l’expliquer, ma chérie… Et tâche de suivre intelligemment mes instructions…

— Jusqu’à présent, cela ne m’a guère réussi… Vous me conseillez de menacer Edvard : il en profite pour reprendre sa parole. Vous m’approuvez de feindre un flirt avec le marquis Yuerta : cet Espagnol, à ma grande surprise, s’éprend aussitôt de moi ; et mon fiancé exulte de recouvrer sa liberté…

— Nous nous y prenions mal… Edvard n’est pas un garçon comme les autres ; c’est un ori-