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Mais de quel nom appeler cet être intermédiaire qui n’a point la sécheresse de l’une, qui n’a plus la jeunesse de l’autre : la jolie fille célibataire qui a passé l’âge de l’ignorance sans perdre sa virginité, qui a vieilli sans enlaidir, toujours désirable, mais désirée comme la voluptueuse Aphrodite et non plus comme la chaste Psyché ?

À présent, que par la force d’une vérité mathématique, le quatrième lustre du vingtième siècle deviendra l’ère des vieilles filles (toutes les vierges bonnes à marier en 1914 se trouvant vouées au célibat dans une proportion de soixante-quinze pour cent) ne convient-il pas de considérer leur situation sous un autre jour ?

Les vieilles filles ne sont pas forcément ou des déshéritées de la nature, ou des indépendantes sans vergogne qui ont cherché leur bonheur clandestin en dehors du mariage.

Il en est qui, jolies, aimables, séduisantes, coifferont Sainte-Catherine sans perdre leurs attraits ni leur vertu, veuves avant d’être fiancées, obligées de vivre sans compagnon par la nécessité d’un temps où le sexe faible prédominera le sexe fort.