Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parler, sans même se regarder, grisés par cette minute d’extase, respirant avec délices le parfum des jardins fraîchement arrosés… L’arôme de la terre mouillée, les senteurs des rosiers et des clématites leur montaient au cerveau comme un vin puissant.

En arrivant au Thulette, ils virent à côté de l’omnibus automobile de l’hôtel, arrêté devant l’entrée, deux voyageuses qui surveillaient la descente de leurs bagages.

La plus âgée, se retournant, aperçut Edvard et s’écria gaiement :

— Une surprise… Nous sommes venues vous rejoindre, sans prévenir.

Et la baronne de Tresme, poussant sa fille devant elle, s’approchait du comte Kolding, auquel elle offrait le sourire de sa figure encore fort agréable malgré la fatigue d’une peau trop fine qu’étoilaient de petites rides rusées.

Louise de Tresme et Fanny Thulette s’étaient dévisagées d’un coup d’œil hostile ; la baronne n’avait pas hésité un instant à deviner la rivale de sa fille dans cette jolie femme appuyée au bras d’Edvard avec une tendresse lasse.

Affectant d’ignorer la présence de l’ennemie, elle ajouta :