Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— À qui, chère amie ?

— Astaroth, le crapaud de madame Fontaine, vous savez bien !

— Non, je ne sais pas. Madame Fontaine ?

— Mais oui, la tireuse de cartes, voyons !

— Bon, admit sans autre discussion le comte Kolding qui lisait assidûment les auteurs norvégiens (Jonastic, Kjelland, Christian Elster, Holgar Drachman, Einar Christensen, Arne, Griborg, pour ne citer que les illustres), mais fréquentait peu Balzac. Et ils entrèrent.

Fanny regardait Edvard avec adoration. À travers un vitrail brisé, une longue flèche de soleil dorait les cheveux clairs du jeune homme, intensifiant sa jeunesse éclatante, caressant la fraîcheur de sa peau veloutée comme un fruit à point. Une résolution soudaine durcit ses traits, lui conférant une passagère ressemblance avec le César admiré de Machiavel… mollo segreto, biondo e bello… Il s’appuya contre un confessionnal vermoulu, attira la jeune fille sur sa poitrine et, lui renversant la tête, appuya sur cette bouche entr’ouverte par le Désir un long baiser profond qu’elle lui rendit passionnément, avec les intérêts.

Oui, certes, avec les intérêts. Dominant son