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l’air d’un bel Arabe… le dernier Abencérage… Et maintenant, elle s’apercevait que cet indiscret semblait fort timide.

Riant sous cape, elle s’arrêta, s’assit sur un banc rustique, épiant son suiveur d’une œillade espiègle qui signifiait : « Eh bien ! mon ami, qu’allons-nous faire ?… Aurais-tu l’audace de m’aborder ? »

Camille, très embarrassé, se balançait de droite à gauche — toujours le pendule — en continuant d’avancer…

Arrivé vis-à-vis d’elle, il s’immobilisa soudain, figé, cloué au sol.

La jeune femme exerçait sur lui une espèce d’attraction magnétique : il avait beau se sentir ridicule, honteux de sa poursuite piteuse, de sa gaucherie silencieuse, il restait là, planté en face d’elle, sans pouvoir bouger ; atrocement gêné et divinement heureux — d’une joie indéfinissable et puissante.

Elle, surprise, amusée, feignait d’admirer la vue ; ses prunelles noisette, braquées vers la mer, ne cessaient pas une seconde d’observer ce grand gamin déconcertant.