La douceur et la pitié d’Henriette lui donnant le change, il ne sentit point, les deux premiers jours, l’éloignement qu’il lui inspirait. Quoique la jeune fille s’interdît d’avoir avec lui des causeries prolongées, il était attiré vers elle. Cette présence féminine devenait sa seule distraction pendant les heures fastidieuses d’attente qui précèdent la guérison.
Max Küttig était un jeune homme de vingt-deux ans au facies morbide : le visage émacié, le teint pâle ; les cheveux ternes, d’un blond indécis ; le front bombé au-dessus des yeux gris dont la mobilité inquiète révélait une nature impressionnable.
Il vivait dans un état de torpeur craintive, secoué parfois de réactions nerveuses ; paralysé d’angoisse par la honte de son mal, la peur qu’il ne reprît sa chair, ses muscles, son cerveau, le terrassant à l’improviste. La moindre