Et le docteur Maigret, tenant à ménager la faiblesse, l’extrême nervosisme du malade, avait décidé de le laisser provisoirement dans l’ignorance des événements ; afin d’éviter le danger d’une commotion trop vive pour cet organisme déprimé.
Il résultait de cette situation anormale une gêne inattendue, insurmontable, presque un supplice, pour Henriette.
Cet homme, qu’elle haïssait comme un ennemi bien qu’elle le soignât avec charité, conservait l’illusion d’être là ainsi qu’un client quelconque du docteur Maigret. Il continuait de manifester l’indépendance, les caprices, la familiarité d’un malade qui se sait tous les droits des faibles.
Il exprimait librement ses sensations, ses sentiments ; sans se douter du malaise qu’il causait à son infirmière en lui témoignant l’affectuosité des convalescents.