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tels nous si, dans nos colonies, nous nous posions en divinités et si brusquement notre race disparaissait alors notre souvenir se perpétuerait sous le nom de dieux !

Donc l’homme adora sa propre image. Les gens riches faisaient sculpter leur buste et, dans une chapelle, le plaçaient sur un autel. On construisit alors des temples vastes avec des multitudes de niches, pour loger les statues des habitants de la ville. On venait matin et soir s’adorer. On se brûlait des parfums, on s’encensait, on se récitait des prières, on l’implorait. Certains entretenaient même à grands frais des cortèges de prêtres chargés de célébrer leur culte et de les encenser tout le jour. Et ainsi l’on assistait dans les villes au spectacle étrange de gens passant leur temps à s’adorer. Mais dans les campagnes ce culte pour soi n’eut aucune force et là, la dégénérescence générale eut pour résultat l’adoration d’êtres fantasmagoriques créés par les imaginations. On adora les éléments qui révélaient la sorcellerie, des diables, des lutins, des esprits. On leur sacrifia l’honneur en des rites impurs. On souilla les autels du sang des enfants. Bref on institua des rites de débauche, Et tout un peuple en rut se prosterna devant des boucs, des mélanges de femmes, et d’animaux, des monstres. Le sabbat, les messes noires, toutes les inventions sadiques de notre