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XII.


en fait l'originalité se trouve dehors de l'enseignement et n'est plus que le résultat des inspirations de son auteur et la propriété de chaque individu.

Le dessin en tapisserie, a bien aussi quelque chose de tout particulier, car c'est une espèce de poncis[1] jeté et suivi par petites parties, avec des interruptions sans nombre, sur une chaîne mobile.

Si les contours du modèle sont purs et bien accentués, le tapissier n'a à vaincre, pour les reproduire fidèlement sur sa chaîne, que les difficultés ordinaires du métier, mais si ils sont vagues, il a beaucoup plus à faire, car il faut qu'il les considère, dans son calque et sur sa chaîne, comme si ils étaient surement arrêtés, et qu'il leur donne ensuite du vague dans la fabrication seulement.

Les contours vagues sont très difficile à imiter en tapisserie. En ce qu'il faut, d'abord, qu'ils soient bien arrêtes et qu'ensuite ils ne paraîssent pas l'être. À cette occasion nous citerons encore Rubens, comme le maître que nous ayons trouvé jusqu'à présent, le plus difficile à suivre dans son dessin : souvent chez lui les contours d'un objet se tient parfois, avec le fond sur lequel ils portent. Ainsi il faut donc pour en faire l'imitation vraie, que le fond qui les relace on les couvre, soit combiné avec des couleurs qui aillent chercher celle de l'objet, et que de son côté, les extrêmités du modelé de ce même objet, se combinent avec des couleurs qui aillent chercher celle du fond ; de sorte que c'est en prodiguant plus ou moins ces tons, ces couleurs intermédiaires, en donnant à leurs hachures plus ou moins de largeur, qu'on donne aussi aux contours le plus ou le moins de vagues. Et que l'on parvient à lier réellement, par un mélange, la couleur d'un objet avec celle du

  1. sic pour poncif