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II.


dans la fabrication ou même sur la broche, mais en y faisant toujours deux tons différents, qui se superposant l'un sur l'autre, l'un à côté de l'autre, mais qui ne se broient pas ensemble, et qu'on peut par conséquent désunir comme on les a uni. Ainsi une trop grande disproportion de hauteurs de tons ne trouverait pas d'intermédiaires, harmonieux par le mélanges des hachures, comme on les trouve en peinture par le travail de la brosse.

Si dans son modelé la peintre n'a fait usage d'aucune modification, la gamme du tapissier doit conséquemment ne contenir aucun ton étranger.

La combinaison des tons entre eux, le mélange de leurs hachures les multiplient sur la chaîne comme la brosse les multiplie sur la toile, la figure des hachures détermine leur douceur ou leur fermeté, comme leur mouvement en détermine la forme.

Sur ce premier modèle obtenu par la dégradation d'une seule teinte-locale, si le peintre y ajoute, dans quelques tons seulement, une légère modification soit dans la pâte soit par glacis. Il la compose d'abord sur sa palette, là elle ne présente qu'un seul ton, mais dans la manière de l'appliquer sur sa toile, le peintre en fait naître plusieurs qui ont plus ou moins d'intensité de couleur modifiante, selon qu'ils y sont touchés fortement en glissés légèrement, de sorte que la distribution de cette nouvelle teinte sur la premiere, y forme un mélange de proportions variées en tons et en intensité, de couleur, de sorte aussi, que les extrémités d'une touche de teinte-modifiante peuvent se trouver mélangées d'une simple partie contre une partie de teinte-locale