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dentes une conclusion qui ne l’était pas. Ainsi le raisonnement suivant n’est pas une démonstration : « S’il fait jour, le soleil luit (φῶς ἐστι, lucet) ; or il fait jour, donc le soleil luit. » La conclusion « le soleil luit » était tout à fait évidente. mais le raisonnement suivant est une démonstration : « S’il y a des suintements à travers la surface des corps, il y a des pores inaccessibles aux sens ; or il y a des suintements à travers la surface des corps ; donc il y a des pores inaccessibles aux sens. » La conclusion « il y a des pores, » etc., n’était pas évidente.

Page 32 : 3. Pour les stoïciens, il y a conséquence (ἀκολουθία) quand, dans une proposition conditionnelle, comme « S’il fait jour, le soleil luit », la vérité de la seconde proposition ou du conséquent, « le soleil luit », résulte de la première ou de l’antécédent « il fait jour ».

4. Pour les stoïciens, il y a incompatibilité (μάχη) entre les propositions contraires qui composent une proposition disjonctive, comme « Ou il fait jour, ou il fait nuit. »

5. Les stoïciens distinguaient le vrai (τὸ ἀληθές) qui ne se rencontre que dans l’expression d’un jugement, dans ce que les logiciens appellent proposition, de la vérité (ἡ ἀλήθεια) qui est un certain état particulier de l’esprit qui aperçoit le vrai. Suivant les stoïciens, ce qui est (ὑπάρχει) et s’oppose contradictoirement (ἀντίκειται) à quelque chose est vrai.

32-6.. Suivant les stoïciens, ce qui n’est pas et s’oppose contradictoirement à quelque chose est faux.

Page 33 : 1. Les vers traduits dans le premier paragraphe sont de Cléanthe, qui succéda à Zénon comme chef de l’école stoïcienne. Il était né à Assus en Troade, et vivait vers le milieu du troisième siècle avant J. C.

2. Les stoïciens étaient fatalistes.

3. Les vers traduits dans le second paragraphe sont d’Euripide, on ne sait de quelle tragédie.

4. Socrate répond ainsi à Criton qui lui annonce qu’il doit mourir le lendemain, dans Platon (Criton, ch. ii, p. 43 D, éd. H. Estienne).