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tomberas dans ce que tu ne veux pas, tu t’en prendras aux auteurs responsables et tu les prendras en haine. 3. En effet, tout être animé est naturellement porté à fuir et à éviter ce qui lui paraît un mal et ce qui le cause, et d’autre part, à rechercher et à aimer ce qui lui paraît un bien et ce qui le procure. Il est donc impossible à celui qui croit qu’on lui nuit, d’aimer ce qui parait lui nuire, comme il est impossible d’aimer le dommage en lui-même. 4. De là les injures que le fils adresse au père, quand le père ne lui fait pas part de ce qui passe pour un bien. C’est ce qui fait que Polynice et Étéocle sont devenus ennemis : ils croyaient que la royauté est un bien. C’est pourquoi le laboureur, le matelot, le marchand, ceux qui perdent leur femme ou leurs enfants, injurient les dieux. La piété est fondée sur l’intérêt ; par conséquent, quand on s’applique à donner la direction qu’il faut à ses désirs et à ses aversions, on s’applique par là même à être pieux.

5. Quant aux libations, aux sacrifices, aux offrandes, il faut toujours suivre les lois de sa patrie1, être en état de pureté2, n’avoir pas de nonchalance ni de négligence, ne pas rester trop en deçà de ses moyens ni aller au delà.

XXXII

1. Quand tu as recours à la divination, souviens-toi que, si tu ne sais pas quel3 sera l’événement, puisque tu viens auprès du devin pour l’apprendre, tu sais, avant de venir, de quelle4 nature sera cet événe-