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être un objet de dérision, à être en butte aux moqueries d’une foule de gens qui disent : « Il nous est revenu1 tout à coup philosophe » et « D’où vient cet air refrogné ? » Toi, n’aie pas l’air refrogné ; mais attache-toi à ce qui te paraît le meilleur, avec la conviction que la divinité t’a assigné ce poste : souviens-toi que si tu restes fidèle à tes principes, ceux qui se moquaient d’abord de toi, t’admireront plus tard ; mais si tu es vaincu par leurs propos, tu te rendras doublement ridicule.

XXIII

S’il t’arrive de te tourner vers l’extérieur par complaisance pour quelqu’un, sois sûr que tu as perdu ton assiette. Contente-toi donc, partout, d’être philosophe. Si de plus tu veux le paraître, parais-le à toi-même ; et c’est suffisant.

XXIV

1. Ne t’afflige pas par des raisonnements comme : « Je vivrai sans considération et je ne serai rien nulle part. » Si le manque de considération est un mal, tu ne peux souffrir de mal par le fait d’autrui, non plus que de honte. Est-ce que c’est quelque chose qui dépend de toi, que d’obtenir une charge ou d’être invité à un grand repas ? nullement. Comment est-ce donc une humiliation ? Comment ne seras-tu rien nulle part, toi qui ne dois être quelque chose que dans ce qui