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de succès parmi les chrétiens. Il est remarquable qu’un écrivain religieux du commencement du cinquième siècle, saint Nil, et l’auteur anonyme d’une paraphrase dont on ignore la date, aient cru pouvoir accommoder le Manuel d’Épictète à l’usage de la vie monastique moyennant quelques modifications qui ne touchent pas au fond des doctrines. Ces changements sont insignifiants dans saint Nil : il remplace le pluriel θεοί par le singulier θεός (xxxi), σπένδειν… πάτρια par ἅπτεσθαι ἔργου (xxxi, 5), Σωκράτης ἢ Ζήνων par τὶς τῶν ἐναρέτων (xxxiii, 11), Socrate par saint Paul (li, 3), Ἄνυτος καὶ Μέλιτος par τὶς (lii, 4). Il supprime le chapitre xxxii sur la divination, en conservant le chapitre xviii sur les présages ; il supprime en outre le § 8 du chapitre xxxiii (dans les éditions ordinaires), les §§ 1-3 du chapitre lii. Les modifications de ce genre sont beaucoup plus nombreuses dans la paraphrase ; mais les deux auteurs s’accordent à respecter les nombreux passages où Épictète fait dépendre le bonheur et la vertu de l’homme de sa seule volonté.

Le Manuel d’Épictète a été traduit plusieurs fois en français dès le seizième siècle et au commencement du dix-septième ; et il a eu la singulière fortune de faire l’impression la plus vive sur le génie de Pascal. On connaît ce magnifique en-