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lui-même (xlii) ; un scélérat te dépouille : qu’importe par qui Dieu te réclame ce qu’il t’a prêté (xi) ? Ton esclave est vicieux (xii, 1 ; xiv, 1) : c’est de la folie que de vouloir qu’il ne soit pas en faute ; c’est vouloir que le vice ne soit pas le vice (xiv, 1) ; enfin ce qui donne le motif et indique le vrai caractère de cette indulgence, il vaut mieux que ton esclave soit vicieux que toi malheureux (xii, 1) ; il ne faut pas que le calme de ton âme dépende d’un esclave (xii, 2).

Ce qui est surtout original dans Épictète, c’est l’accent de sa parole, c’est la manière dont il a senti ses idées. Les courts chapitres du Manuel ne peuvent guère donner une idée de la forme ordinaire de son enseignement telle que l’offrent les Discours. Cependant le chapitre xxix qui est tiré des Discours (iii, 15), et les chapitres xxiv et xxv qui ont le même caractère, nous montrent au naturel comment il parlait et agissait sur ses auditeurs. Dans le caractère général de son exposition, il paraît encore avoir été fidèle à la tradition de son école. « Les stoïciens[1] », dit Cicéron, « vous piquent par de courtes interrogations, comme par des aiguillons. » Dans Horace[2], le stoïcien Da-

  1. Cicéron, de Finibus, IV, 3, 7 : « Pungunt enim, quasi aculeis, interrogatiunculis angustis. »
  2. Horace, Satires, II, 3, 122-141 ; 159 161 ; 187-307.