Page:Manuel d’Épictète, trad. Thurot, 1889.djvu.pdf/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ciproquement ; de même le père n’est père que par rapport à son fils et, à ce point de vue, n’est que père par rapport à lui ; réciproquement, le fils n’est fils que par rapport à son père et, à ce point de vue, n’est que fils par rapport à lui[1]. En considérant ce rapport de corrélation, le fils trouve quel est son office à l’égard de son père ; la raison lui prescrit de le soigner et de le respecter, quel qu’il soit d’ailleurs, méchant ou bon, uniquement parce qu’il est son père et que pour lui, fils, il n’est pas autre chose : la méchanceté ou la bonté n’entrent pas dans le rapport de corrélation que la nature a établi entre le fils et le père (xxx).

Sur les principes que nous venons d’exposer, Épictète ne s’écarte en rien de l’enseignement de son école. Il en est autrement de l’application, du moins en quelques parties ; un moraliste ne peut pas ne pas mettre quelque chose de son caractère et même de sa situation personnelle dans la manière dont il traite de la morale.

En ce qui touche la religion, Épictète professe les sentiments des stoïciens sans différence appréciable. Il admet avec eux un Dieu suprême qui est en même temps l’intelligence universelle dont l’âme humaine est une parcelle détachée[2], la raison

  1. Simplicius, Comm. sur les catégories d’Aristote, f° 42 E.
  2. Épictète, Discours, I, 14, 6 ; II, 8, 11.