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Les passions étaient distinguées en quatre genres : peine (λύπη), crainte (φόβος), appétition (ἐπιθυμία), plaisir (ἡδονή). On subdivisait ces genres en espèces : ainsi, comme la jalousie (ζηλοτυπία) ou peine qu’on éprouve de voir un autre en possession de ce qu’on a soi-même, la pitié ou peine qu’on éprouve de voir quelqu’un dans un malheur immérité était une espèce de peine et une peine dont on devait être exempt[1]. Épictète montre (xvi) que la pitié est un faux jugement parce que celui qu’on plaint est malheureux non par ce qui lui arrive, mais par le jugement qu’il en porte. Pour se garantir de ces faux jugements il faut se servir (χρῆσθαι, χρῆσις) de ses idées conformément à la nature, en recherchant ce qui est réellement bon, en évitant ce qui est réellement mauvais, c’est-à-dire en n’acquiesçant à ses idées que d’après les principes qui déterminent ce qui est bon et ce qui est mauvais[2].

Mais il y a autre chose que des idées dans la partie supérieure de l’âme (ἡγεμονικόν)[3], il y a aussi les mouvements (κινήσεις) par lesquels l’âme se porte vers ce qu’elle considère comme un bien et évite ce qu’elle considère comme un mal. Il y a des tendances (ὁρμή), des désirs (ὄρεξις), des aver-

  1. Diogène, VII, 111.
  2. Épictète, Discours III, 3, 1-2.
  3. Diogène, VII, 159.