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vertu et ce qui tient de la vertu. Il n’y a de mauvais, d’autre mal (κακόν) que le vice et ce qui tient du vice. Ce qui est bon est beau, honorable (καλόν), ce qui est mauvais est laid, honteux (αἰσχρόν). Ce qui est bon est en même temps utile (συμφέρον) et sert, profite (ὠφελεῖ), c’est-à-dire porte à la vertu ou y maintient. Ce qui est mauvais est nuisible, est un dommage (βλαβερόν, βλάβη). On ne peut nuire, causer de dommage (βλάπτειν) qu’en portant au vice ou en y maintenant. Comme le propre du feu est d’échauffer et non de refroidir, le propre de ce qui est bon est de servir et non pas de nuire. L’homme vertueux ne nuit donc à personne, et personne ne peut lui nuire (i, 3 ; xxx ; liii, 4)[1].

A un autre point de vue, ce qui est bon est conforme à la nature (κατὰ φύσιν). On reconnaît ce qui est conforme à la nature à ce que tous les hommes sont d’accord là-dessus[2] (xxvI). Tout le monde dit d’un commun accord que ce qui est bon est utile, doit être choisi, recherché en toute circonstance. La dispute ne commence que quand il s’agit d’appliquer le principe aux cas particuliers,

  1. Stobée, Ecloga ethicæ, II, 138, 202. Diogène, VII, 102-104.
  2. Ces idées, que tous les hommes s’accordent à tirer de l’expérience, étaient appelées par les stoïciens προλήψεις. Plutarque, Placita, IV, 11. Sénèque, Lettres, cxx, 4.