Une première remarque essentielle à faire, c’est que ce petit livret ne s’adressait pas aux gens cultivés en général qui ne s’occupaient pas spécialement de philosophie, mais uniquement à ceux qui voulaient faire profession de philosophie et qui avaient déjà été instruits dans la logique, la physique et la morale stoïcienne ; c’est un memento à l’usage de ceux qui sont en progrès (προκοπή). Quoiqu’en principe les stoïciens n’admissent pas d’intermédiaire entre la sagesse et la folie, entre la vertu et le vice[1], ils reconnaissaient pourtant qu’il y avait des degrés dans la folie et le vice, que les uns sans posséder la sagesse en étaient tout près, qu’il ne leur manquait que d’avoir été mis à l’épreuve ; que les autres n’étaient pas assez sûrs d’eux-mêmes et pouvaient retomber dans les vices dont ils avaient été guéris ; qu’une troisième classe enfin comprenait tous ceux qui n’étaient qu’incomplétement guéris[2]. C’est évidemment à ces deux dernières classes que s’adressait le Manuel.
Les stoïciens divisaient la philosophie en trois parties (τόποι) coordonnées, logique, physique (ou