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XXII.

Tu es épris de la philosophie ? Prépare-toi donc à essuyer les sifflets et les railleries de la multitude1, qui dira : « Celui-ci nous est revenu bien vite philosophe ; » ou encore : « D’où lui vient ce hautain sourcil ? » Toi, cependant, ne montre aucun orgueil ; mais tiens-toi fermement à tout ce qui te paraît le meilleur ; restes-y attaché comme à un poste désigné par Dieu lui-même. Souviens-toi que si tu persévères, ceux qui ont commencé par te railler t’admireront bientôt ; tandis que si tu faiblis, tu seras exposé doublement à leurs quolibets.

XXIII.

S’il t’arrive jamais de te tourner vers les choses du dehors et de vouloir plaire à qui que ce soit, sache-le, l’entreprise que tu tentais est manquée. En toute chose contente-toi donc d’être philosophe ; si tu veux encore le paraître, parais-le donc à tes propres yeux, et que cela te suffise.

XXIV.

1. Ne te trouble pas l’esprit de tous ces raisonnements : « Je vivrai sans honneur ; on ne fera nul cas de moi. » Car si le déshonneur est un mal, il n’est pas plus en la puissance d’un autre de te faire malheureux que de te faire vicieux. Est-ce qu’il dépend de toi d’exercer le pouvoir ou d’être admis dans un festin ? Nullement. Comment pourrait-il donc y avoir là matière à déshonneur ? Et comment ne serais-tu rien dans le monde, toi qui ne dois être quelque chose que dans ce qui dépend de toi, que dans ce en quoi tu peux être autant que tu le désires ?

2. « Mais tes amis, dis-tu, resteront sans aide de ta part. » Qu’appelles-tu sans aide ? Tu ne leur donneras aucun argent ? Tu ne les feras pas devenir citoyens romains ? Mais


fession, presque un sacerdoce. La foule ne peut même entrer en partage de la sagesse.