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manuel d’épictète

XXII

s’attacher au bien sans craindre la raillerie.


Si tu aimes la philosophie, prépare-toi sur-le-champ à être raillé, à ce que la plupart rient de toi, à ce qu’ils s’écrient : « Après si peu de temps il nous revient philosophe ! » et : « Où a-t-il pris ce sourcil superbe[1] ? » — Toi, n’aie point la mine superbe ; mais attache-toi aux choses qui te semblent les meilleures, comme si Dieu même t’avait assigné ce poste : et souviens-toi que, si tu y demeures fixé, ceux qui te raillaient auparavant, ceux-là mêmes t’admireront[2] ; mais si tu cèdes à ces gens, tu t’attireras d’eux une double raillerie.


XXIII

s’attacher au bien sans désirer la louange.


Si par hasard il t’arrive de te tourner vers les choses du dehors dans le but de plaire à quelqu’un, sache que

    voulu, par cette image de la mort sans cesse présente à nos yeux, nous rabaisser nous-mêmes, nous faire sentir notre impuissance et nous plier devant Dieu. Loin de là, Épictète veut nous élever au-dessus de cette mort même et de ces maux imaginaires que notre raison prévoit et accepte ; il veut nous faire connaître notre puissance, nous faire sentir le dieu qui est en nous, et nous faire monter vers le Dieu qui est au-dessus de nous.

  1. On sait qu’Épictète, ayant essayé de parler philosophie à la plèbe romaine, fut forcé au silence par les éclats de rire et les moqueries.
  2. C’est ce qui est arrivé à Épictète lui-même.