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MANUEL D’ÉPICTÈTE.

IX

l’homme ne peut rencontrer d’autre obstacle
que lui-même.


La maladie est pour le corps un obstacle, mais pour le libre arbitre, nullement, s’il ne le veut lui-même. Boiter est pour la jambe un obstacle, mais nullement pour le libre arbitre. Sur tout ce qui arrive, dis de même. Tu trouveras que c’est un obstacle pour quelque autre chose, mais pour toi, non.


X

à chaque idée ou image qui nous vient du dehors,
correspond en nous une faculté capable d’en faire usage.


À chaque objet qui se présente, souviens-toi, en te tournant vers toi-même, de chercher quelle faculté tu possèdes relativement à l’usage de cet objet. Si tu vois un bel homme ou une belle femme, tu trouveras par rapport à eux la faculté de la continence. Si un labeur s’offre, tu trouveras le courage ; si c’est une injure, tu trouveras la patience. Ainsi accoutumé, les images qui se présentent ne pourront plus t’entraîner avec elles[1].


    — Par cette sorte d’offrande de soi au destin, par ce consentement volontaire à la nécessité des événements, les stoïciens espèrent retrouver, au milieu de cette nécessité même des choses, la liberté de l’âme.

  1. Parce que l’homme, en se tournant vers lui-même, trouvera toujours en lui le pouvoir d’user de ces images, δύναμις χρηστική : disons mieux, il ne trouvera pas ce pouvoir comme une chose toute