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LXI
ARGUMENT ANALYTIQUE DU MANUEL.

X. — À chaque idée ou représentation qui nous vient du dehors (par exemple, l’idée d’un labeur, celle d’un outrage), correspond en nous une faculté capable d’en faire usage (par exemple, le courage, la patience).

XI. — Sur quoi que ce soit, ne dis jamais : — J’ai perdu cela, mais : — Je l’ai rendu.

XII. — Le renoncement à toutes les choses extérieures est le prix dont s’achètent la liberté intérieure et le bonheur.

XIII. — Il ne faut pas s’inquiéter de paraître fou et imbécile, mais s’efforcer d’être sage.

XIV. — Ne rien désirer que ce qui dépend de soi, afin d’obtenir toujours ce qu’on désire. — Ne rien désirer de ce qui dépend d’autrui, afin de ne pas devenir l’esclave des autres.

XV. — Il faut faire pour toutes les choses de la vie comme on fait dans un banquet pour les plats qui passent autour de la table : on attend qu’ils viennent ; et s’ils viennent, on n’en prend qu’avec modération et décence.

XVI. — Se dire, lorsqu’on voit quelqu’un jeté dans la peine par un événement extérieur : « Ce ne sont pas les événements qui accablent cet homme, mais son opinion sur les événements. » — Manifester pourtant envers lui la pitié, sans l’éprouver intérieurement.

XVII. — Nous jouons tous ici-bas un rôle, comme dans une comédie : l’un celui de riche, l’autre celui de pauvre, etc. ; cherchons à bien jouer notre rôle, sans chercher à le changer.

XVIII. — Ne pas s’inquiéter des présages. Tous présages sont heureux pour moi, si je le veux : il dépend de ma volonté de faire sortir le bien de tout.