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LX
ARGUMENT ANALYTIQUE DU MANUEL.

agréable ou utile, de tout objet que nous aimons (par exemple, un vase d’argile, un être mortel), car, une fois que nous connaîtrons sa nature, nous ne serons troublés par rien de ce qui arrivera conformément à cette nature (par exemple, si le vase d’argile se brise, si l’être mortel meurt).

IV. — Nous devons aussi rechercher la nature de chaque action que nous entreprenons (par exemple, aller au bain) ; car, une fois que nous en aurons connu la nature et prévu les conséquences, nous ne serons plus troublés à la vue de ces conséquences.

V. — Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses (par exemple, la mort, simple dissolution des organes), mais leurs opinions sur les choses (par exemple, l’opinion que la mort est un mal). Lorsque nous sommes dans le trouble et l’affliction, ce n’est donc pas la faute des choses, c’est la faute de nos opinions, c’est notre faute à nous-mêmes.

VI. — L’homme ne doit s’enorgueillir de nul avantage étranger (par exemple, d’avoir un beau cheval) ; mais il doit être fier du seul bien qui lui soit propre : une volonté bonne et une raison saine, faisant le meilleur usage possible des opinions et représentations.

VII. — Tout ce qui n’est pas nous ne doit être pour nous qu’un accessoire, et nous devons l’abandonner au premier appel, comme le voyageur abandonne à l’appel du pilote les coquillages qu’il a ramassés sur la grève.

VIII. — Consentons volontairement à tout ce qui arrive, pour conserver au milieu de tout événement la tranquillité et la liberté.

IX. — La libre volonté de chaque homme ne peut rencontrer d’autre obstacle qu’elle-même : par exemple, boiter est un obstacle pour la jambe, non pour la volonté.