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EXTRAITS DE MARC-AURÈLE.

V

De l’obstacle qui se présente, la volonté fait la matière même de son action : c’est ainsi que le feu se rend le maître de ce qui lui tombe dedans : une petite lampe en eût été éteinte ; mais le feu resplendissant s’approprie bientôt les matières entassées, les consume, et par elles s’élève plus haut encore.

VI

On se cherche des retraites, chaumières rustiques, rivages des mers, montagnes… Nulle part l’homme n’a de retraite plus tranquille, moins troublée par les affaires, que celle qu’il trouve dans son âme.

VII

Tout ce qui arrive arrive justement[1] ; c’est ce que tu reconnaîtras si tu observes attentivement les choses. Je ne dis pas seulement qu’il y a un ordre de succession marqué, mais que tout suit la loi de la justice et dénote un être qui distribue les choses selon le mérite.

VIII

Il y a bien des grains d’encens destinés au même autel : l’un tombe plus tôt, l’autre plus tard dans le feu ; mais la différence n’est rien.

IX

Ne fais pas comme si tu devais vivre des milliers d’années. La mort pend sur ta tête ; tandis que tu vis, tandis que tu le peux, rends-toi homme de bien.

    est comme écrasée : elle n’a rien en elle-même d’agréable, mais elle est plus triste que l’odieuse mort. Dérobe-toi donc à une vie pleine d’orages, et regagne le port. » Voir aussi Pascal, Pensées, I.

  1. V. sur cette absolution universelle de la nature et des hommes notre Étude sur la philosophie d’Épictète.