Se porter avec trop de véhémence vers les
choses, vouloir avec excès ou repousser avec
trop de répugnance tel ou tel événement, autant
de fautes qui, selon les stoïciens, proviennent
d’une même erreur : nous avons une fausse idée
de notre puissance ; nous espérons pouvoir
changer, bouleverser la nature, la conformer à
nos vouloirs[1]. C’est impossible. Nous pouvons
tout en nous, rien au dehors. L’homme possède
ce qu’il y a de meilleur dans la nature entière,
la faculté d’user bien ou mal des représentations
(ἡ χρηστικὴ δύναμις ταῖς φαντασίαις)[2] ; mais le
pouvoir de façonner les choses mêmes et de détourner
les événements ne nous appartient pas.
En nous attribuant ce pouvoir et en croyant
par là nous élever, nous nous rabaissons réellement
nous-mêmes. Restons libres au dedans de
nous, et laissons la nécessité gouverner le monde.
Ou plutôt, faisons mieux encore : consentons librement
à ce qui est nécessaire, et par là changeons
pour nous en liberté cette nécessité même des
choses.
Les préceptes du stoïcisme que nous avons exposés jusqu’ici peuvent se ramener à un seul :