parenté divine. Or, ce petit nombre, il est vrai, qui se croit né pour la probité, pour l’honneur, pour le bon usage des représentations, n’a jamais de lui-même une opinion qui le rapetisse ou l’amoindrisse, mais la foule fait le contraire, « Que suis-je en effet (dit-on) ? Un homme misérable et chétif. » – Ou bien encore : « Pitoyable chair que la mienne ! » — Oui, bien pitoyable en effet ! mais tu as quelque chose de mieux que cette chair ! Pourquoi le négliges-tu, pour t’attacher à elle ?
Par suite de cette parenté, nous qui nous tournons vers elle, nous devenons semblables, les uns aux loups, les autres aux lions, le plus grand nombre aux renards et à tout ce qu’il y a de vil parmi les bêtes. Qu’est-ce en effet qu’un homme méchant dans ses paroles ou dans ses actes, si ce n’est un renard ou quelque chose de plus vil et de plus abject encore ?
VI
Du progrès dans la philosophie. — Comment se font les tragédies. — A quoi servent les philosophes.
Montre-moi tes progrès. Si je disais à un athlète, « Montre-moi tes épaules, » et qu’il me répondît : « Voici les plombs dont je me sers. » — « Va-t’en voir ailleurs avec ces plombs, lui dirais-je. Ce que je veux voir, c’est le parti que tu sais en tirer. » Toi de même, tu me dis : « Prends ce livre de Chrysippe sur la volonté, et vois comme je l’ai lu. » — Esclave, ce n’est pas là ce que je cherche, mais ta façon de te porter vers les choses ou de les repousser, de les désirer ou de les fuir ?... Si elle y est conforme, montre-le-moi, et je te dirai que tu es en progrès. Si elle n’y est pas conforme, va-t’en, et non-seulement commente ton livre, mais encore écris-en toi-même de pareils. Et à quoi cela te servirait-il ? Ne sais-tu pas que le livre entier coûte cinq deniers ? Et par conséquent celui qui le commente peut-il te sembler valoir plus de cinq deniers ? Ne cherchez donc jamais le fait du sage d’un côté, et le progrès d’un autre.
Où donc est le progrès ? Celui qui, se détachant des