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Extraits
des
entretiens d’Épictète[1]


I

Où est le bien.

Où donc est le bien ? Dis-nous-le, philosophe. — « Il est où vous ne croyez pas qu’il soit, et où vous ne voulez pas le chercher. Car, si vous vouliez, vous le trouveriez en vous, sans errer au dehors, à chercher comme vous appartenant des choses qui ne sont pas à vous. Rentrez en vous-mêmes ; étudiez-y vos notions naturelles[2]. Que vous représentez-vous comme le bien ? La tranquillité, la félicité, la liberté. Ne vous le représentez-vous pas aussi

  1. Le Manuel n’est qu’un résumé succinct, souvent aride, de la doctrine d’Épictète. Il n’en peut donner qu’une idée incomplète, à peu près celle qu’une table des matières donne d’un livre. De plus il ne peut faire connaître la physionomie originale de l’esclave philosophe, la chaleur entraînante et l’élévation de son enseignement. Pour bien comprendre le Manuel même, il faut lire les Entretiens d’Épictète recueillis par Arrien. Ce sont ces Entretiens dont nous donnons ici des extraits, quelquefois traduits par nous, plus souvent empruntés aux traductions de M. Courdaveaux de Thurot et de Dacier. Nous y joignons des maximes d’Épictète rapportées par Stobée. Dans les Extraits de Marc-Aurèle qui suivent, on verra la pensée d’Épictète se prolonger en quelque sorte et se développer.
  2. Nous avons substitué partout ce terme de « notions naturelles » qui traduit exactement le grec (αἱ φυσικαὶ προλήψεις), au terme de « notions a priori » qu’emploie M. Courdaveaux. — De même, nous remplaçons le mot idées par le mot « représentations » qui rend exactement le sens grec (φαντασίαι).