l’eau fraîche dans ta bouche et rejette-la, et ne le dis à personne.
XLVIII
signes auxquels on reconnaît
l’homme ordinaire et le philosophe.
I. État et caractère de l’homme ordinaire : jamais il n’attend de lui-même l’utile ou le nuisible, mais des choses du dehors.
II. État et caractère du philosophe : tout ce qui est utile ou nuisible, il l’attend de lui-même.
III. Signes qu’un homme avance dans la sagesse : il ne blâme, il ne loue personne ; de personne ne se plaint, n’accuse personne ; ne parle point de lui-même, comme s’il était quelque chose ou savait quelque chose. S’il est empêché ou entravé en quelque affaire, il s’accuse seul ; si on le loue, il rit en lui-même de qui le loue[1] ; si on le blâme, il ne se défend pas[2]. Mais il se tâte et s’observe, comme les convalescents, craignant de troubler en quelque chose le calme qui naît en lui, avant qu’il ait pris consistance.
IV. Il a enlevé de lui tout désir, il a transporté son aversion vers ces choses seules qui, dépendant de nous, sont contraires à la nature. Il modère ses élans vers toutes choses. S’il passe pour sot ou ignorant, il n’en a souci. En un mot, il se garde de lui-même comme d’un ennemi, comme de quelqu’un qui lui dresse des embûches.