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Au Général Archinard,
Commandant le Corps d’armée des Troupes coloniales,
Ancien Commandant Supérieur du Soudan français.


Mon Général,

Dans la soirée du 12 avril 1891, sous les grands fièvre bilieuse vous couchait depuis six semaines, vous avez réuni les officiers que vous laissiez dans cette nouvelle conquête, en face des bandes de Samory. Après nous avoir fortifies de vos dernières instructions, que nous écoutions le cœur serré, vous nous avez rappelé que les luttes coloniales, pour nobles et pour meurtrières qu’elles soient, ne sont pas le but unique de notre existence militaire, et qu’il est d’inoubliables devoirs où vous nous avez donné rendez-vous.

Sous vos ordres, une colonne de troupes indigènes sans réserve européenne venait pour la première fois de parcourir deux mille kilomètres ; en quatre mois, l’empire d’Ahmadou était détruit, le Niger pacifié, la puissance de Samory entamée. L’étendue du Soudan français était triplée, et l’essor donné à vos successeurs.

Entre nos hommes et nous était née une confiance