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La création de l’armée noire démontrera l’unité du domaine national ; tous les Français comprendront que la France ne s’arrête ni à la Méditerranée, ni au Sahara ; qu’elle s’étend jusqu’au Congo ; qu’elle constitue un empire plus vaste que l’Europe et qui, dans un demi-siècle, aura 100 millions d’habitants, et que les peuples valent par le nombre et par l’élite, beaucoup plus que par la moyenne.

Cet empire contient les régions les plus favorisées de l’Europe centrale et de l’Afrique tropicale ; il produit, non seulement le blé, le vin et l’huile, mais le coton, le riz et le caoutchouc. Assurément son unité n’est pas parfaite : mais, dans un demi-siècle, le chemin de fer transnigérien aura coupé la Boucle de Bamako à Say, et les lignes côtières seront venues s’y brancher depuis longtemps ; le rail venant du sud sera à Tombouctou ; alors ce transsaharien qui apparaît encore comme chimérique à quelques esprits timorés, sera chose faite, et nos enfants s’étonneront que nous ayons attendu si longtemps. Mais, si nous avons su discipliner la Force Noire et civiliser l’Afrique, ils reconnaîtront du moins que nous leur laissons la France plus grande et plus forte que nous ne l’avons reçue de nos pères.