Page:Mangin, La force noire, Hachette, 1910.djvu/360

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Examinant le rang de la France parmi les grandes puissances qui se partagent le monde, il prévoyait que le moment pourrait venir où la France ne compterait pas plus, dans le monde anglo-saxon, que la Grèce dans le monde romain, et il ajoutait : « Lorsqu’il s’agit de nations également civilisées et de citoyens courageux, également soutenus par le sentiment de l’honneur, c’est à la nation la plus nombreuse qu’appartient inévitablement l’ascendant militaire et politique avec tous les avantages matériels et moraux qui en découlent. Il faut donc considérer comme absolument chimérique tout projet et toute espérance de conserver à la France son rang relatif dans le monde, si ces espérances, si ces projets ne prennent pas pour point de départ cette maxime : Le nombre des Français doit s’augmenter assez rapidement pour maintenir un certain équilibre entre notre puissance et celle des autres grandes nations de la terre. »

Il tournait ses espérances vers l’Algérie, qui était alors notre seule colonie africaine connue, et il terminait ainsi :

« Il n’y a que deux façons de concevoir la destinée future de la France : ou bien nous resterons ce que nous sommes, nous consumant sur place dans une agitation intermittente et impuissante, au milieu de la rapide transformation de tout ce qui nous entoure, et nous tomberons dans une honteuse insignifiance, sur ce globe occupé par la postérité de nos anciens rivaux, parlant leur langue, dominé par leurs usages et rempli de leurs affaires, soit qu’ils vivent unis pour exploiter en commun le reste de la race humaine, soit qu’ils se jalousent et se combattent au-dessus