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Habitué à nos produits, il en répandra l’usage. Déjà les importations de farine[1] et de vin augmentent en Afrique occidentale, qui deviendra de plus en plus un débouché pour notre agriculture. Tous nos objets manufacturés seront de plus en plus répandus. Notre commerce aura dans l’ancien tirailleur un agent intelligent et sûr.

Les entreprises qui se fondent en Afrique occidentale ont besoin d’un intermédiaire entre l’indigène et leurs agents européens. Ce n’est pas la main-d’œuvre qui manque, c’est le moyen de la manier. Dans ces climats meurtriers, l’Européen ne peut exercer qu’un rôle de direction générale ; la station permanente au soleil lui est interdite. C’est l’élément contremaître qui fait défaut : Le tirailleur retraité sera un merveilleux contremaître. C’est lui qui ira chercher le caoutchouc et apprendra à l’indigène à le récolter sans tuer la plante ; qui enseignera le repiquage du riz, la sélection du coton, qui dirigera de près les travaux des mines d’or et de pétrole, des chantiers de chemins de fer.

Mais il y a des considérations plus hautes.

Les tirailleurs retraités fourniront à la société indigène les cadres dont elle a besoin. Nous avons délivré les populations des dominations oppressives et nous avons brisé les cadres qui l’enserraient cruellement ; nous les avons remplacés par une administration paternelle mais lointaine : entre les rares administrateurs et les indigènes il faut un intermédiaire ; nous tomberions sans cet élément dans les inconvénients du fonctionnarisme français

  1. Une fabrique de biscuits s’est créée à Rufisque en 1908.