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colons, on commencerait le défrichement de terres vierges, et les adductions d’eau. Les ruines des anciens camps romains donneront d’utiles indications.

La présence des troupes noires assure le retour des réservistes dans les régiments indigènes et le départ des troupes sans le moindre danger d’insurrection. En effet, en cas de mobilisation, 4 corps d’armée africains sont transportés en France. L’Amérique du Nord reste gardée par ses troupes européennes territoriales (16 bataillons de zouaves, etc.), 3 et peut-être 4 régiments étrangers, 6 ou 8 bataillons d’Afrique, 4 brigades de tirailleurs sénégalais, des goums de cavalerie sénégalaise, 4 régiments de spahis sénégalais, une artillerie à déterminer, ainsi que les services auxiliaires. Vingt ou vingt-cinq mille recrues noires viennent s’y instruire pour former dans le quatrième mois deux divisions de marche. Les effectifs qui y demeurent sont plus considérables que ceux qui y sont stationnés en ce moment. La sécurité est absolue.

En Afrique occidentale, la création de l’Armée noire aura d’immenses résultats. Avant 1905, il fallait 23 ans de services au soldat indigène pour lui donner droit à une pension ; presque aucun d’eux n’atteignait cette retraite. L’ancien tirailleur, déraciné, cherchait un emploi dans l’administration, ou bien se faisait colporteur, manœuvre, et émigrait même dans les colonies étrangères. C’était une force perdue pour nous. Mais le tirailleur retraité, attaché à une caisse, qu’il faudra lui laisser choisir, mais qui le fixera, plus instruit qu’autrefois, sera un précieux agent pour notre influence.