Page:Mangin, La force noire, Hachette, 1910.djvu/353

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cloisonné par la Méditerranée et le Sahara, le territoire national est inattaquable.

L’Afrique septentrionale est le camp de l’armée africaine, où stationnent quatre corps d’armée renforcés. C’est pour les besoins de notre organisation que nous y plaçons de telles forces, et non pour sa garde, qui se trouve assurée par surcroît. Cette augmentation d’effectifs aura des conséquences considérables dans la solution de la question indigène. Vis-à-vis de nos protégés musulmans, il faut éviter avant tout que toute concession soit prise pour une marque de faiblesse ; et en présence de telles forces, comment nous croiraient-ils faibles ? La population européenne s’oppose à ces mêmes concessions en invoquant les risques d’insurrection ; ces risques seront désormais écartés. Il sera donc possible d’envisager en commun, avec une parfaite liberté d’esprit, l’établissement d’un régime plus libéral, qui tienne compte de la crise que traversent à notre époque tous les pays d’Islam et dont la création des Parlements ottoman et persan et le mouvement jeune-égyptien sont les principaux symptômes.

Il est probable qu’un certain nombre de Sénégalais, séduits par le pays où ils auront transporté leurs pénates, se feront libérer sur place. Ils fourniront à la colonisation la main-d’œuvre qu’elle réclame et rétabliront les prix que l’enrôlement des tirailleurs appelés pourrait avoir pour conséquence de trop élever. Enfin les régiments eux-mêmes serviront à la mise en valeur de la colonie. Quand il s’agira d’établir de nouveaux camps, on pourra se placer à ce point de vue et chercher des emplacements d’où, tout en assurant la protection des