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Examinons la dernière objection soulevée : Au lieu de consacrer 50 millions à l’organisation des troupes noires, 10 en Afrique occidentale et 40 en Algérie, ne pourrait-on pas les consacrer à l’amélioration de l’armée actuelle et gagner ainsi en qualité ce que nous perdons fatalement en quantité ? Ce n’est pas, ajoute-t-on, notre effectif de paix qui importe, c’est notre effectif de guerre, qui atteint près de 4 millions d’hommes ; que pèseront 40 000 Sénégalais dans ce total ? Et ne vaut-il pas mieux accroître la valeur de cette masse par une meilleure instruction et un encadrement supérieur ?

Et on envisage ensuite la liste, très longue en effet, des perfectionnements qu’on peut réaliser ou amorcer avec 50 millions.

Remarquons tout d’abord qu’en vingt ans, de 1907 à 1927, 86 000 hommes manqueront à nos contingents. En admettant qu’une pareille diminution n’ait aucune répercussion sur les dépenses générales, casernements, cadres, services auxiliaires, etc., l’économie forcée sera de 38 millions[1].

Si, comme nous l’espérons, on a appelé 25 000 Algériens indigènes dans des corps de nouvelle formation, l’économie ne sera plus que de 26 millions. — Le corps de 20 000 Sénégalais, dont la création est commencée, ne demande que 20 millions, mais en 1927

  1. 38 700 000 francs, à raison de 450 francs par homme, prix d’entretien annuel du fantassin français indépendamment de tout ce qui l’entoure et qui est créé pour lui (cadres, casernements, services auxiliaires, etc.). Son prix réel, le chiffre qu’on obtient en divisant le total des dépenses par le nombre des hommes, est de 1 137 francs. Si les frais généraux subissent une contraction correspondante à la diminution de leur effet utile, l’économie serait de 97 782 000.