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tion n’a eu lieu dans nos troupes, et même jamais l’idée n’est venue qu’une hésitation pût se produire.

On ne peut donc craindre la propagande islamique parmi nos troupes noires, et encore moins les tentatives possibles de quelques marabouts pour les détourner de leurs devoirs. Au contraire, du séjour en Algérie, où notre œuvre est puissante et belle, où nous sommes les maîtres, le tirailleur rapportera dans son village l’image d’une France encore plus grande et plus forte.

Évitons pourtant à nos Sénégalais, qui sont de grands enfants, le contact des villes avec leurs bas quartiers ; ils ont le respect de l’Européen, de tous les Européens, il ne faut pas que ce respect soit limité à leurs administrateurs et à leurs officiers. Mais le stationnement dans les camps suffit pour obtenir ce résultat.


Tout en reconnaissant la valeur de nos troupes noires dans les guerres coloniales contre des peuples de leur race, on s’est demandé s’il serait possible de les employer, en cas d’insurrection, contre des populations de race blanche, comme les Arabes ou les Berbères. Il faut faire table rase de notre œuvre en Afrique depuis vingt ans pour émettre un tel doute, résultat d’un inconscient préjugé de couleur. Sans remonter jusqu’à l’empire mandingue de Melli, qui occupa le Tagant, l’Adrar, et les mines de sel de Taoudeni, qui imposa le tribut aux Maures et les enrôla dans ses armées, nous voyons nos troupes sénégalaises en lutte contre les Arabes et les Touaregs depuis l’Atlantique jusqu’au Ouaddaï. La prise de contact a été souvent très rude. Chaque