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gardes noires chaque fois qu’ils l’ont pu, que les chefs révoltés tentent toujours d’employer les mêmes forces, qu’il y a des troupes noires en ce moment au Maroc et en Égypte, nous nous interdirions d’en avoir en Algérie et en Tunisie ?


La question s’est posée de savoir s’il n’y avait pas des inconvénients à placer les tirailleurs sénégalais en contact avec les éléments musulmans de l’Afrique septentrionale, dont l’ardent prosélytisme est connu. Ce danger sera bien diminué par le stationnement de nos Sénégalais dans des camps isolés, par la relève tous les trois ans, et surtout par ce fait qu’ils ignorent l’Arabe et que les marabouts ignorent leur langue.

Le noir de l’Afrique occidentale est rarement musulman fanatique : l’Islam s’altère chez lui de pratiques fétichistes ; les querelles de race prédominent la question religieuse : on a vu des guerres terribles entre Peulhs et Toucouleurs, entre Toucouleurs et Sarracolets, tous musulmans. Dans nos rangs, le noir ne connaît que le service militaire ; le culte du Pavillon, le dévouement à ses chefs, l’honneur militaire, la fidélité à la consigne, le remplissent tout entier. Voilà sa religion et ses rites. Il n’en réclame pas d’autres, et il n’y a même pas lieu de distinguer, dans les désignations pour l’Algérie, entre musulmans et fétichistes. — Nous avons lutté contre des chefs religieux qui jouissaient d’un grand prestige, tels El Hadj Omar, véritable prophète à son retour de la Mecque, Ahmadou son fils, qui restait le commandeur des croyants, Mahmadou Lamine, également pèlerin de la Mecque ; jamais l’ombre d’une hésita-